Vers la grève générale
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“Sacré Emmanuel Macron, il est incorrigible. Hier soir, son Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, presque par surprise, le recours à l’article 49-3 de la Constitution, permettant de jouer à saute-mouton avec l’Assemblée et d’engager la responsabilité du gouvernement en échange d’une absence de débat sur la réforme des retraites. Si une motion de censure n’obtient pas la majorité des voix à l’Assemblée avant ce soir, alors, une fois de plus, Emmanuel Macron se sera assis sur les dernières ruines restantes d’une démocratie déjà bien imparfaite.”
Ce jeudi 20 février 2020 a eu lieu la 10ème journée de grève intersyndicale. A Paris, c'est à Montparnasse que sont rassemblés plusieurs syndicats et groupes autonomes pour manifester. Si cela n'a pas été une journée de mobilisation forte en termes d’intensité, elle s’est déroulée dans une ambiance calme, et l’on y a retrouvé une diversité des secteurs en luttes, propre à la dynamique aspirant à la grève générale.
Ce serait se mentir que de ne pas se l’avouer : la mobilisation de ce lundi 17 février n’a pas eu la force espérée. Cinq syndicats de la RATP, ainsi que les syndicats de cheminot-es, avaient appelé à faire de ce lundi un « lundi noir » sur la capitale, en somme une grosse journée de mobilisation aux effets semblables aux débuts de la grève reconductible des transports lancée le 5 décembre.
Depuis le 5 décembre, les médias dominants n’ont eu de cesse de rappeler sur tous les écrans que la grève s’essouffle, encore et encore, toujours plus. Pourtant, force est de constater que des centaines de milliers de personnes de tous les secteurs ont de nouveau défilé dans les rues du pays, ce jeudi 6 février, contre une réforme des retraites que l’on ne présente plus, décriée jusqu’au sacro-saint Conseil d’Etat. Reportage et analyse de la situation.
Pas de vague pour cette 7ème journée de manifestation nationale qui a vu se rassembler, une fois de plus, une foule nombreuse, bigarrée, festive et unie contre le projet de réforme des retraites. Si le gouvernement fait bloc, nous aussi. De nombreuses journées se sont écoulées depuis le début de cette grève. La fatigue, les fins de mois difficiles, l’indifférence du pouvoir, auraient pu mettre un coup de frein à la détermination des grévistes.
Le roi a pris la fuite d’un théâtre, vendredi soir dans le nord de Paris. Les manifestant.e.s présent.e.s à l’extérieur, qui attendaient une apparition, ne se sont pas dérobé.e.s.
Nous les retrouvons ce samedi 18 janvier, à l’appel de nombreux collectifs qui voulaient faire de ce jour un rassemblement national sur la capitale. Le cortège est un peu moins fourni qu’espéré. Nul doute que le parcours alambiqué – de la Porte de Champerret dans le nord-ouest parisien jusqu’à Gare de Lyon dans le sud-est - ainsi que la présence étouffante des forces de l’ordre ont dû en décourager quelques un.e.s…
C’est le plus long mouvement de grève interprofessionnelle de la Ve République. Un mouvement sans précédent, dont on se demande jusqu’où il ira, et surtout où va-t-il bien pouvoir nous mener. Dans les rues parisiennes, la manifestation de ce jeudi 16 janvier a rappelé, dans sa configuration et son parcours (Montparnasse-Place d’Italie) celle du 1er Mai 2019. Elle fut surtout le point d’orgue d’une série de trois jours de mobilisation accrue de tous les secteurs en grève, du mardi au jeudi, appelée par l’intersyndicale réunie une semaine auparavant.
A Lille, depuis plus d'une semaine, le préfet du Nord Michel Lalande voit rouge. Bien qu'il s'évertue à interdire le passage des manifestations par le centre-ville pour préserver les soldes, il ne parvient pas à décourager les grévistes. Mieux encore, il ne leur a permis que d'affirmer davantage leur refus d'un rabais sur leurs retraites et d'étendre un sentiment de fraternité au delà des frontières, avec la venue en soutien de syndicalistes belges la semaine précédente. Ne lui déplaise, la mobilisation de ce jeudi 16 janvier s'est imposée numériquement comme un franc succès. Plus de 15.000 personnes ont retrouvé le parcours initial, allant de Porte de Paris à la place de la République. Face à la détermination de tous.tes, c'est par un durcissement de l'appareil répressif que les autorités ont répliqué en ce jour. Avec 10 interpellations et plusieurs blessés au compteur, c'est l'une des manifestations les plus violentes que les lillois.es aient connu depuis le début de cet inédit mouvement de grève.
Les étudiant.e.s lillois.es ont démarré l'année en grande pompe avec l'occupation du CROUS, le mercredi 8 janvier dernier. Précaires, lycéen.e.s et habitant.e.s de l'insalubre cité Galois du campus Cité Scientifique sont venu.e.s exprimer leur désespoir quant à l'inaction de l'institution malgré des années de sollicitation. Ils et elles n'ont, jusqu'à ce jour, eu à faire qu'aux cafards, à la maladie mais aussi à la mort, comme ce fut le cas d'Abdallah, un étudiant de 22 ans décédé dans sa chambre de la cité Galois en 2015. En France, plus de 20% des étudiant.e.s vivent sous le seuil de pauvreté, certains.es sont obligé.e.s de travailler, mettant à mal leurs études, d'autres avouent ne se contenter que d'un seul repas par jour pour subsister. En parallèle, les coûts des inscriptions aux universités publiques ne cessent de grimper, alors même que les montants des bourses sont déjà insuffisants.
Ce samedi 28 décembre 2019, à l’appel de différentes fédérations syndicales, mais surtout grâce au travail de « la base » et des grévistes mobilisé•es, une manifestation contre la réforme des retraites était annoncée à Paris. Le départ était prévu à 13h depuis la Gare du Nord. Cette journée coïncidant avec la 59ème mobilisation consécutive des Gilets Jaunes, ces dernier•es étaient formellement convié•es à venir manifester leurs colères aux côtés, et en soutien des travailleur•euses en grève.
Pour beaucoup, le 24 décembre est synonyme de réunion, repas et moment festif. C’est le cas des grévistes de l’IBIS Batignolles en grève depuis 161 jour au 24 décembre, qui font le choix de suivre la tradition du réveillon à une exception prêt: ce soir les festivités se passe en extérieur, devant l'Hôtel Novotel Paris les Halle, reportage de Noël par LaMeute.
Alors que le gouvernement et les médias mainstream passent à l'offensive sur le terrain de l' « opinion publique » par le discrédit des grévistes de la SNCF, dangereux terroristes anti-esprit de Noël, ils sont loin d'avoir conquis celui de la rue. Pour cette troisième journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites, les artères de Lille n'ont pas désemplies. Entre 20.000 et 30.000 personnes ont répondu à l'appel de l'intersyndicale en ce jeudi 17 décembre 2019, un chiffre dépassant presque celui du 5 décembre dernier. Si l'Elysée a réussi à mettre dans sa poche les syndicats réformistes près à saluer la moindre courbette des élus, elle a bien fait comprendre ne rien vouloir céder aux plus téméraires des « partenaires sociaux ». Oeil pour œil, dent pour dent ; très nombreux sont les grévistes prêts à faire perdurer le combat, quitte à se faire gazer sous le gui à une semaine de Noël. Récit en image d'une manifestation massive :
Grève générale contre la réforme des retraites - jour 13. Après la baisse de mobilisation dans la rue mardi et jeudi dernier, la journée de manifestation de ce mardi 17 décembre a de nouveau permis de franchir la barre du million de personnes dans la rue. LaMeute, qui soutient encore et toujours les grévistes, a également battu le pavé parisien. PORTFOLIO EN FIN D’ARTICLE
Ce mardi 10 décembre, une nouvelle mobilisation générale, faisant suite a celles du 5 et du 7 décembre dernier avait lieu; la CGT évoque 180 000 personnes mobilisées a Paris et 885 000 dans toute la France. Si les chaines d'info en continu ont sauté sur l'occasion pour se réjouir à demi-mot d'une participation en baisse, le cortège parisien était pourtant fourni…LaMeute soutient la grève et décide, cette fois-ci, d'arrêter ici le texte. Face à un dispositif policier étouffant, la manifestation s’est déroulée de façon très traditionnelle. Nous vous laissons donc l’apprécier en images. Force à vous, force à nous.
Au-même moment où les Gilets Jaunes manifestaient pour leur 56ème acte, la CGT tenait son rassemblement annuel contre la précarité et la réforme de l’assurance chômage. Premier samedi de décembre, premier samedi de Grève Générale. Les deux cortèges, qui devaient converger à Montparnasse, n’ont pas pu se rassembler comme prévu. Les CRS veillaient au grain. REPORTAGE
Rues quasiment vides, écoles fermées, métros à l'arrêt et gares totalement désertes. Lille a des allures de ville morte en ce jeudi 5 décembre. Pourtant, les rues prennent vies tôt dans la matinée. A Tourcoing, 200 personnes sont venues crier leur colère devant le centre des Impôts, fief du premier adjoint et ministre Gérald Darmanin. A 14h30, c'est au tour de 20.000 âmes de se réunir Porte de Paris pour répondre à l'appel régional lancé par l'union syndicale des Hauts-de-France. Pompiers, infirmiers.es, postiers.es, cheminots.es, profs, étudiants.es, gilets jaunes... C'est un arc-en-ciel de corps de métiers qui se déploie dans les rues de Lille, bien déterminé à faire entendre son rejet catégorique de la réforme des retraites initiée par le gouvernement. Récit d'un week-end de mobilisation :
Suivi de la lutte contre la précarité étudiante à Lyon suite à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant syndicaliste de 22 ans et à la lettre qu’il a laissé derrière lui, désignant les politiques anti-sociales responsables de son geste.
8 novembre 2019. Cette date parsème le campus de la Porte des Alpes de l’Université Lyon 2 à de multiples endroits, accompagnée de la mention « ni oubli, ni pardon ». On la retrouve également sur le bâtiment du CROUS, situé au 59 rue de la Madeleine dans le 7ème arrondissement de Lyon, devant lequel Anas, l’étudiant de 22 ans, s’est immolé - et où a eu lieu un rassemblement à l’initiative de son syndicat, Solidaires étudiant•e•s Lyon, mardi 12 novembre. La tristesse, le désespoir et une colère lancinante percent la voix de ses camarades lorsqu’iels lisent la lettre qui a laissé derrière lui. Celle-ci se suffit à elle-même et ses revendications seront reprises à la fois par le syndicat Solidaire étudiant•e•s et par les assemblées générales qui se sont enchainées depuis ; les 14, 19 et 28 novembre, puis les 5 et 9 décembre.
Au stade où nous en sommes, il n’est plus possible de faire un seul pas en arrière.
Au-delà de toute fatalité - bien au contraire, le champ des possibles est à présent ouvert - il demeure que le succès de cette grève générale ne dépend que de nous-mêmes. Ou bien nous y croyons sans faillir, et le cas échéant nous nous donnons les moyens de vaincre - ou bien nous baissons les bras. Et dans la situation actuelle du pays, où 7 de ses 8 raffineries sont à l’arrêt, où 90% de ses trains ne circulent pas, où de nombreuses facs et écoles sont fermées, bloquées, vidées de celles et ceux qui les font vivre, où les secteurs de l’énergie tournent au ralenti… rien n’est moins sûr que l’amplification du mouvement.
La grève de ce jeudi 5 décembre était fortement attendue, de même que la première journée de manifestation de ce mouvement de grève, qui a rassemblé au moins un million de personnes à travers le pays. Une grève historique contre la réforme des retraites vers un système par points, et qui cache des malaises bien plus profonds...
On peut mesurer l’inégalité d’une société aux représentations que ses dirigeants mobilisent. Le 15 novembre dernier, dans un débat télévisé concernant la grève tant attendue du jeudi 5 décembre, l’éditorialiste Christophe Barbier jubilait d’admiration. “Les Français ont oublié Adolphe Thiers qui est Premier ministre de Louis-Philippe très jeune, comme Macron, et qui revient en 1870 pour installer et conforter la République.” Lorsqu’on lui rappelle qu’Adolphe Thier est avant tout celui qui massacra la Commune de Paris, insurrection populaire et socialiste en 1871, il répond : “Aussi ! Mais en massacrant les Communards, il sauve la République. Sinon nous aurions eu Lénine maire de Paris, et Président de la France à ce moment-là.”
Patricia, 51 ans, 14ème. Gaëlle, 22 ans, 23ème. Ces 138 femmes, victimes de la violence de leur compagnon ou ex-conjoint depuis le début de l’année 2019, d’après le décompte macabre des associations, étaient prises comme témoin de la marche du 23 novembre qui visait à leur rendre hommage. A l’appel des collectifs Nous Toutes et Nous Aussi, les militant.e.s féministes ont remis le couvert pour pointer l’inaction du gouvernement à travers un cortège fourni, qui a défilé de la place de l’Opéra à Nation. Parfois là une heure avant le rendez-vous pris à 14h, les différents collectifs se sont mis en place selon une géographie significative : l’Opéra Garnier pour Nous Toutes, les abords d’un Zara pour le féminisme intersectionnel de Nous Aussi, et ses différents blocs.
[PORTFOLIO] Dans l'après-midi du 16 novembre, la « Maison du peuple » voit le jour en marge des divers rassemblements qui font rage dans Paris.
Située au 102b rue de Bagnolet ( 20e), l'ancienne salle de concert La Flèche d'or est investie par une vingtaine de collectifs militants aux alentours de 15h. L'info est donnée ; la « Maison des peuples » est née, et des appels à la rejoindre sont lancés.
A l’heure où les chaînes d’infos mainstream se plaisent à répéter en boucle que les Gilets Jaunes seraient de moins en moins nombreux.ses ou un mouvement en perte de souffle, tout le monde était pourtant au rendez-vous, gonflé.es à bloc pour éteindre les bougies et allumer les barricades. Et ce, malgré les mains arrachées, les éborgnements et toutes les violences subies depuis le début du mouvement.
Plus de 100 appels à se rassembler pouvaient être recensés au niveau national. Dans la capitale, plusieurs rassemblements étaient prévus ce samedi 16 novembre au matin, afin de fêter dignement le symbole de l’année de révolte : porte de Champerret, place St Pierre, place d’Italie ou encore carrément sur le périphérique parisien.
Les hôpitaux ont ouvert, ce jeudi 14 novembre, les hostilités pour la bataille sociale qui va se dérouler au cours des prochaines semaines. Cela fait des années, tout comme les cheminot.es, tout comme les étudiant.es, comme tout le service public en définitive, que l’on y dénonce les conséquences désastreuses des coupes budgétaires néo-libérales. Fermetures de lits, de chambres, suppressions de postes, d’hôpitaux, de maternités, durcissement des conditions d’accès à la Première Année Commune aux études de Santé (PACES) pour les étudiant.es… Chacun.e avait une raison valable de se mobiliser ce jour-là, et des dizaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel des syndicats et des comités de grève.
« J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’EU de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes, j’accuse aussi le Pen et les éditorialistes d’avoir crée des peurs plus que secondaires ». Ce sont les mots qu’avait écrits Anas K. peu de temps avant de s’immoler par le feu devant le restaurant universitaire du CROUS ( Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires) de Lyon.
Actuellement, Anas est « entre la vie et la mort » au Centre des brûlés de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon, selon le syndicat Solidaires Etudiant-e-s.
Depuis qu’il a tenté de mettre fin à ses jours, nombreux ont été les commentaires des éditorialistes et des ministres quant au caractère éminemment politique de son acte.
De toute évidence, ce ne fut pas la grève générale que les syndicats espéraient (du moins aimerait-on croire qu’ils l’espéraient…). Il y avait certes des dizaines de milliers de personnes à Paris répondant à l’appel de la grève interprofessionnelle de plusieurs centrales syndicales, et plus d’une centaine de milliers dans tout le pays, mais cela n’a pas suffi à paralyser efficacement l’économie pour impacter les décisions du gouvernement. Et honnêtement, il fallait s’y attendre. Cependant, au vu du contexte politique et social très tendu dans toutes les strates de la société française, il faut aussi s’attendre à ce que ce mouvement s’étende et s’amplifie dans les jours à venir, et c’est de cela dont il faut que l’on discute.