Mobilisation inédite de la communauté franco-bangladaise pour la Justice

Plusieurs centaines de membres de la communauté franco-bangladaise se sont réuni-es après la mort de Sohel Rana -battu à mort en mai dernier. ©LaMeute - Mes

Près d'un milliers de personne se sont réunies à Paris, samedi 6 juin 2022, pour réclamer Justice après la mort de Sohel Rana -battu à mort en mai dernier. Pour beaucoup, il s'agissait de leur première manifestation, dans l'espoir que les agressions à l'encontre des Bangladais-es cessent.

Reportage.

Chacun-e parlent de lui comme d'un "frère". Si tout le monde, ce samedi 6 juin, ne connaissait pas personnellement Sohel Rana, beaucoup se retrouvent en lui. Alors iels marchent, explosent parfois au rythme des "Qu'est-ce qu'on veut? La Justice !", scandé en bengali de la place de la Bastille à place de la République.

Plusieurs centaines de manifestant-es ont rejoint la manifestation "pour la sécurité", mobilisé-es grâce aux réseaux sociaux. Dans la foule, on distingue mal les correspondants de grandes chaînes de télé bangladaises des simples citoyens qui captent la mobilisation du jour en direct sur leurs téléphones. En France, pourtant, aucun média n'a relayé l'agression mortelle de Sohel Rana, décédé le 25 mai 2022.

L'homme de 38 ans a perdu la vie après avoir été agressé quelques jours plus tôt alors qu'il rentrait du travail. "Les témoins de la scène disent même qu'il venait d'acheter une pizza à emporter pour le ramener à son fils", glisse Rabbani Khan, conseiller municipal à Stains, et président de l'association OFIORA (Organisation Française d'Insertion et d'Orientation des Ressortissants d'Asie) qui a organisé la manifestation.

Sur le long du trajet, le pas est rapide, les poings tendus vers le ciel. "Iels n'ont pas l'habitude des manifestations", souffle Nayan -l'un des organisateurs de la marche et fondateur de l’association Solidarités Asie France. La communauté bangladaise est peu visible et peu connue. Dans le cortège, on se souvient d'agressions similaires, de vols à l'arraché qui tourne mal, en 2017 ou peu avant le Covid, mais d'une telle manifestation : c'est du jamais vu.

"Nous sommes venu-es pour réclamer notre droit fondamental : celui de vivre en sécurité", pointe Rabbani Khan. "Les membres de la communauté sont souvent agressés... et silencieux", ajoute-t-il. "Les Bangladais-ses n'osent pas porter plainte car iels n’ont pas forcement les papiers nécessaires. Quand iels ont un titre de séjour en règle, les temps d'attente pour avoir un interprète dans un commissariat sont très longs ce qui les décourage".

RABBANI KHAN, président de l’OFIORA

"Les Bangladais-ses n'osent pas porter plainte car iels n’ont pas forcement les papiers nécessaires. Quand iels ont un titre de séjour en règle, les temps d'attente pour avoir un interprète dans un commissariat sont très longs ce qui les décourage"

Mais plus question d'être silencieux-se pour les personnes présentes ce samedi dans les rues de Paris. C'est une question de vie ou de mort. "Nous allons demander à la Préfecture qu'elle use de son pouvoir exceptionnel pour obtenir des papiers pour la femme de Sohel", désormais maman isolée d'un petit garçon de deux ans.

Rabbani Khan a, en attendant, lancé une pétition et cherche à mobiliser médias et politiques. Pour tenter -cette fois- de briser le silence des autorités.

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Photos et texte : Mes.

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