Manifestation CGT contre la précarité : Laissez-les dans leur bulle

DSC_6920.jpg

Au-même moment où les Gilets Jaunes manifestaient pour leur 56ème acte, la CGT tenait son rassemblement annuel contre la précarité et la réforme de l’assurance chômage. Premier samedi de décembre, premier samedi de Grève Générale. Les deux cortèges, qui devaient converger à Montparnasse, n’ont pas pu se rassembler comme prévu. Les CRS veillaient au grain.

DSC_6719.jpg

Il est presque 15h sur la place du 18 juin 1940 ce samedi 7 décembre, et toujours pas une trace des Gilets Jaunes. La CGT, le NPA, et différents collectifs de journalistes précaires attendent leurs camarades : ces derniers n’arriveront jamais. Pour cause, les Gilets Jaunes qui manifestaient depuis Bercy, ont été bloqué.e.s par les CRS dans leur tentative de rejoindre l’appel lancé par la CGT.

Après des prises de parole soulignant que les femmes seront les premières touchées par la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage, le cortège se met doucement en marche sur le boulevard du Montparnasse. Illico presto, des CRS se mettent au pas. Pour peu, on croirait qu’ils manifestent eux aussi. La CGT, comme indiqué sur une grande banderole, appelle à faire « la guerre au chômage, pas aux chômeurs ». La sono est à fond et les fumigènes sont craqués. Environ deux cent personnes défilent dans le calme et la bonne humeur, suivies par trente cars de CRS. Une sur-représentation policière au vue de la faible densité du cortège. La manifestation se jouera en huis clos.

Pas de bol pour les journalistes précaires qui souhaitaient alerter sur leurs conditions de travail. « Notre précarité, c’est votre désinformation », clame la banderole unitaire regroupant le SNJ (Syndicat National des Journalistes), le SNJ-CGT, le CFDT-Journalistes, le SGJ-FO, l’EFJ (European Federation of Journalists), mais aussi les collectifs Ras La Plume, REC (Reporters En Colère) et Professions : Pigistes. Sur le boulevard des Invalides, on parle du « prix des piges qui baissent » et qui entraîne une dégradation de la qualité de l’information. Ici, une jeune pigiste pour France 3 se confie sur ses CDD de quatre jours. Là, un journaliste arborant sa carte de presse évoque les rédactions qui souhaiteraient le rémunérer en droit d’auteur. « Entre ça, et ceux qui veulent qu’on se déclare en auto-entrepreneur… ». Des pratiques pourtant illégales.

Bien que officiellement encadrée, la profession journalistique n’échappe pas à la paupérisation. Certain.e.s parlent même de « failles systémiques ». D’après le rapport de la Scam (Société Civile des Auteurs Multimédias), publié en mars 2019, 42% des journalistes étaient rémunéré.e.s à la pige et 70% de celles et ceux à avoir obtenu la carte presse l’année précédente étaient sous contrat à durée déterminée. La précarité menace ainsi l’accès à la profession. Dans son appel unitaire, les syndicats et collectifs craignent que la réforme de l’assurance chômage touche en priorité “les jeunes, les femmes, les minorités sexuelles et les personnes non-blanches”. La question des droits sociaux des travailleurs.ses y est clairement mise en relation avec la question de la possible “diversité” de profils capables d'accéder au statut de journalistes. Ou comment la destruction de droits sociaux entraîne logiquement une détérioration de la pluralité de la presse, celle là même que les Gilets Jaunes ont maintes fois souligné. Ce samedi 7 décembre, ces deux lectures politiques étaient réunies au sein d’un même cortège. De quoi faire éclater la bulle alors que le cortège arrive à sa destination, toujours en compagnie des CRS.

©LaMeute - Mes


PORTFOLIO