Le réveillon des grévistes
Pour beaucoup, le 24 décembre est synonyme de réunion, repas et moment festif. C’est le cas des grévistes de l’IBIS Batignolles en grève depuis 161 jour au 24 décembre, qui font le choix de suivre la tradition du réveillon à une exception prêt: ce soir les festivités se passe en extérieur, devant l'Hôtel Novotel Paris les Halle, reportage de Noël par LaMeute.
En premier lieu, il convient de rappeler le contexte de ce rassemblement.
Depuis le 17 Juillet 2019, les femmes de chambre et équipiers de la sous-traitance STN ont cessé de travailler suite à leur conditions de travail indécentes et leurs cadences intenables, non sans rappeler les grévistes de l‘hôtel Park Hyatt Vendôme et du Café Étienne Marcel qui en avaient fait de même en 2018. Autre point commun, le doigt pointé sur la sous traitance ou les salarié.e.s ne bénéficient pas du même statut social que les salarié·e·s embauché·e·s directement par l’hôtel (indemnité nourriture, intéressement, participation, salaires moins élevés, primes diverses, etc.), on parle alors de dumping social ou " la mise en concurrence par les employeur,euse.s, dans le cadre de la mondialisation économique, de travailleur.euses des pays développés avec la main-d'œuvre moins chère des pays en développement ».
La police est également présente, le rassemblement de ce soir est par ailleurs déclaré en préfecture.
Le choix du Novotel comme lieu est dans la lignée du mode d’action « Piquet volant » qui consiste à choisir un nouveau lieu de piquet de grève à chaque occasion. Les grévistes seraient bien resté•es devant l'hôtel IBIS des Batignolles, cependant la direction à porté plainte à cause des nuisances sonores que provoque les rassemblement et la justice leur a donné raison, forçant donc les grévistes à s’adapter. De plus Novotel tout comme IBIS font partie du groupe ACCOR, la CGT s’exprime sur ce choix via son tract : " ACCOR est le 6ème groupe hôtelier au monde et a parfaitement les moyens d’embaucher directement les salariés de la sous-traitance"
"We'll be together with a roof right over our heads », c’est la première chose qui résonne dans les halles de Paris. C’est du Bob Marley, à fond dans la sono des grévistes au 8 Place Marguerite de Navarre, devant le Novotel, une trentaine de personnes réunissant famille, membres de la CGT HPE et des soutiens. Les grévistes de Chronopost, travailleurs sans papiers en grève depuis le 11 Juin 2019 sont également présents autour d’une grande tablée ou il y a nourritures et boissons amenés par chacun.e.s des convives.
L’ambiance est très conviviale, la musique en a fini avec Bob Marley pour aller sur les « Malpolis » avec « On veut pas du travail », dont le refrain est très apprécié par l’assemblée tandis que 2 convives ramènent deux cartons rempli de pizza, les touristes, passant.e.s et mêmes les client.e.s du Novotel passent se renseigner sur la présence de ce groupe festif, le tout sous le regard d'agent.e.s de police posté.e.s dans leur camion.
Sur la lignée de la coutume du réveillon, c’est après le repas qu’arrive la remise des cadeaux.
Et c’est ainsi que Claude Levy délégué, syndical CGT-HPE, et Tiziri Kandi ,syndicaliste à la CGT-HPE, deviennent père Noël d’un soir, les enfants des grévistes reçoivent moultes poupées au cheveux jaunes, scrabble, et monopoly.
Puis remise de chèque complémentaire de la caisse de grève le tout dans une grande ovation. A ce propos, Claude Levy, délégué syndical CGT-HPE, annonce qu’un tiers des ressources de la CGT - HPE sont allouées aux caisse de grève, et ça statutairement depuis 2012. Il ne cache pas qu’il y’a eu un début difficile avec la caisse de solidarité mais que depuis que la grève nationale est lancé, l’argent afflue et permet donc un soutien financier total aux grévistes, « La magie de Noël » dira t’il.
Vous pouvez soutenir les grévistes via leur caisse de grève sur Le pot solidaire.
© LaMeute
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