Grève Jour 24 : Aucune trêve jusqu’au retrait !

En tête de cette marche quelques manifestants portent une banderole qui signe l’alliance entre Gilets Jaunes et grévistes « pour une victoire totale ». ©LaMeute - Naje.

Ce samedi 28 décembre 2019, à l’appel de différentes fédérations syndicales, mais surtout grâce au travail de « la base » et des grévistes mobilisé•es, une manifestation contre la réforme des retraites était annoncée à Paris. Le départ était prévu à 13h depuis la Gare du Nord. Cette journée coïncidant avec la 59ème mobilisation consécutive des Gilets Jaunes, ces dernier•es étaient formellement convié•es à venir manifester leurs colères aux côtés, et en soutien des travailleur•euses en grève. 

Pour le 59ème Acte, les Gilets Jaunes s’étaient donné•es rendez-vous au métro Bourse à 11h. Leur première étape devait les conduire jusqu’à Gare du Nord pour retrouver la manifestation des grévistes. ©LaMeute - Naje.

Pour le 59ème Acte, les Gilets Jaunes s’étaient donné•es rendez-vous au métro Bourse à 11h. Leur première étape devait les conduire jusqu’à Gare du Nord pour retrouver la manifestation des grévistes. ©LaMeute - Naje.

La semaine passée, les traditionnels départs pour les fêtes approchant, le gouvernement, et avec lui bon nombre de médias « militants de l’extrême centre » s’inquiétaient terriblement: les usagers des services publics réussiraient-ils à rejoindre leurs familles malgré l’intransigeance, l’acharnement, et le manque de compassion inouïe, de grévistes sanguinaires fermement décidé•es à faire l’impasse sur le réveillon ? Angoisse insoutenable qui faisait suite aux dernières annonces du pouvoir. En effet, jeudi 19 décembre dernier, au 14ème jour de grève, une fois la rencontre entre Edouard Philippe, Agnès Buzyn, Laurent Pietraszewski et les dirigeants syndicaux terminée, sans qu’aucune avancée n’ait été trouvée, un prochain rendez-vous était annoncé pour la date du 9 janvier. 

Malgré deux importantes manifestations ayant réunies plus d’un million de personnes dans tout le pays, de nombreux blocages menés par les travailleurs•eues en grève depuis le 5 décembre, visiblement ni du côté des syndicats ni du côté du pouvoir, le temps ne semblait presser. Et pourtant, cela revenait à dire à celles et ceux qui avaient commencé le combat au début du mois, grossièrement : soit, vous êtes en grève…c’est votre argent! Continuez comme bon vous semble. On se revoit dans trois semaines quand vous aurez perdu un mois de salaire. D’ici là on se charge de renverser l’opinion.

La manifestation contre la réforme des retraites vient maintenant de démarrer. Ici un gréviste rappelle que nous en sommes au 24ème jour. ©LaMeute - Naje.

Exemple flagrant: parmi les médias et éditorialistes qui militent pour la « défense de la liberté de travailler »,  et la défense « des travailleur•euses raillé•es parce que non grévistes », la palme revient cette fois-ci à LCI. Non content des chiffres issus d’un sondage paru dans le JDD, un de leur animateur-vedette ((journaliste?) ne pouvait contenir son enthousiasme en annonçant en direct, dans une grande  envolée lyrique, que le soutien à la grève était désormais minoritaire dans l’opinion. Le lendemain, dur réveil; la rédaction découvre, et se retrouve à devoir confesser (toujours en direct), que l’animateur avait « omis » (et donc soustrait) de l’enquête les personnes qui ont « de la sympathie » pour la grève. Rectification faite l’« opinion public » (enfin celle qui répond aux sondages) continue de soutenir  le combat. 

Par-delà ces chiffres, - et au-delà de cette sympathie - qu’on aura retrouvés en chair et en sourire dans les cortèges ce samedi - tout au long de la semaine, les grévistes n’ont pas chômé. Le 24, le 26, puis le 28, différentes mobilisations ont eu lieu à Paris, en banlieue, et sur tout le territoire.

Face au mépris des sommets (gouvernement et confédérations syndicales), la base aura rappelé que la grève, c’est elle qui la fait, la vit, la souffre. Et ce 28 décembre, malgré le froid et un encadrement policier toujours aussi vigoureux, grévistes et Gilets Jaunes n’avaient toujours pas décidé de souffrir en silence. Ainsi, quelques centaines de GJ s’étaient retrouvé•es dans la capitale dès 11h avec pour première étape de parcours celle de rejoindre les grévistes à la Gare du Nord.

Gilets Jaunes et grévistes se saluent sur le parvis de la Gare du Nord. ©LaMeute - Naje.

Pour l’équipe de LaMeute, le portfolio qui suit démarre précisément auprès de ce premier cortège, avant que ne se produise la jonction. Elle n’aura pas été de tout repos. Une fois réalisée, ce sont plusieurs milliers de personnes - grévistes de la RATP, de la SNCF, professeur•es, postier•es, Gilets Jaunes - qui défileront dans la joie et la détermination du nord de Paris jusqu’à la place du Châtelet. Du côté des forces de l’ordre, si le dispositif était évidemment plus léger que lors des dernières grandes manifestations, la stratégie demeure la même. Rester au contact, étouffer toute tentative de manifestations spontanées, nasser, puis disperser gentiment. Quelques barricades auront bien été tentées derrière le centre Pompidou, mais les amatrices et amateurs de brasiers auront noté qu’il n’y avait là rien de transcendant  Ce qu’il aura été important de réchauffer ce samedi, c’est avant tout autre chose le coeur des grévistes! 

En espérant que cette manifestation aura réussi ce pari, les actions de blocages continuent et l’équipe de la rédaction continue elle à soutenir la grève, et vous invite à rejoindre partout où vous le pouvez les piquets proches de chez vous pour apporter votre solidarité aux grévistes.

©LaMeute - Naje pour le récit

Le parcours de la manifestation est bientôt terminé. Décidé•es à faire durer le plaisir, certain•es manifestant•es dressent une barricade rue Turbigo. ©LaMeute - Naje.

Portfolio 

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