Grève générale du 17 Décembre / LaMeute (toujours) en grève

Grève générale contre la réforme des retraites - jour 13. Après la baisse de mobilisation dans la rue mardi et jeudi dernier, la journée de manifestation de ce mardi 17 décembre a de nouveau permis de franchir la barre du million de personnes dans la rue. LaMeute, qui soutient encore et toujours les grévistes, a également battu le pavé parisien. PORTFOLIO EN FIN D’ARTICLE

On le répète depuis le début de cette grève : les mauvais jours finiront - encore faut-il que l’on s’en donne les moyens. Parmi ceux-là : tenir tête, faire grève massivement et prendre la rue pour tout bloquer. Depuis les “annonces” d’Edouard Philippe mercredi dernier, et malgré son “refus du rapport de force” faussement revendiqué dans son discours, force est de constater que les colères n’en finissent pas de s’agréger contre le gouvernement. Tant dans la bataille des retraites dont personne ne veut - pas même la CFdT, que dans celle plus large du projet de société néo-libérale portée par ce gouvernement.

Et le résultat est sans appel : selon la CGT, ce sont 1,8 million de personnes qui ont battu le pavé mardi, là où elle en dénombrait 1,5 million le jeudi 5 décembre, au premier jour de la grève. Un chiffre évidemment très loin de celui, ridicule, des forces de l’ordre et du cabinet Occurrence, proche de Macron, dont les techniques de comptage sont mathématiquement très critiquables.

La manifestation parisienne, déclarée par l’intersyndicale à la préfecture de police, est partie de République en direction de Nation, avec un passage par la place de la Bastille. Une configuration, tant du côté manifestant que du côté de la police, qui n’était pas sans rappeler les manifestations Loi Travail : un cortège imposant et massif ; escorté, encadré, surveillé de très près par des escadrons des forces de l’ordre stationnés sur les trottoirs, tout au long du cortège. La seule véritable différence réside dans l’existence des BRAV-M, qui n’étaient pas là en 2016, et qui ajoutent au côté “nasse-mobile” une pratique incisive de l’interpellation, fondée sur des courtes incursions très violentes au sein du cortège.

La manifestation s’est déroulée dans le calme, jusqu’à l’arrivée à Nation où la BAC et les BRAV-M - par volonté politique de la préfecture ou par frustration de ce calme plat ? - a attaqué à de nombreuses reprises, sans raison apparente, la tête du cortège.

Au vu des complaintes quant au calme dans lequel se déroulent les manifestations qui ont suivi le 5 décembre, il est intéressant de questionner le rôle de ce type de défilé et leur radicalité au sein d’un tel mouvement de grève - inédit depuis 1995. Les manifestations de ces deux semaines n’ont rien à voir, dans l’occupation de l’espace et dans le sens que leur donne les personnes qui y participent, avec par exemple les manifestations de Gilets Jaunes. On est ici sur une forme de manifestation qui, en pleine phase ascendante d’une grève générale pour laquelle il reste encore beaucoup de monde à convaincre, ne cherche pas encore nécessairement à aller à un affrontement qui pourrait revêtir l’aspect d’un folklore, mais davantage à “manifester” l’unité qui est en train de se construire. A consolider la confiance en cette grève. A montrer que, non, le mouvement ne faiblit pas. Dans un absolu, de telles manifestations sont inutiles. Mais lorsqu’elles encouragent et s’appuient sur un mouvement de grève massif, alors ce n’est plus la manifestation en elle-même qui compte : c’est la grève, et son potentiel de blocage. C’est l’addition de toutes les grèves au local, de tous les petits points de blocages qui, si cela réussit, porteront naturellement la grève vers des manifestations plus affirmées de la colère exprimée partout dans le pays.

Il ne reste donc plus qu’à généraliser partout cette grève, toujours un peu plus, et continuer à tenir bon. Ce qui n’est pas une mince affaire.
©LaMeute

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