Étudiant qui s'immole devant le CROUS de Lyon : l'acte d'Anas EST politique !
« J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’EU de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes, j’accuse aussi le Pen et les éditorialistes d’avoir crée des peurs plus que secondaires ». Ce sont les mots qu’avait écrits Anas K. peu de temps avant de s’immoler par le feu devant le restaurant universitaire du CROUS ( Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires) de Lyon.
Actuellement, Anas est « entre la vie et la mort » au Centre des brûlés de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon, selon le syndicat Solidaires Etudiant-e-s.
Depuis qu’il a tenté de mettre fin à ses jours, nombreux ont été les commentaires des éditorialistes et des ministres quant au caractère éminemment politique de son acte. Quoi qu’en disent Gabriel Attal, secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse, ou Sibeth N’Diaye porte parole du Gouvernement, l’acte de notre camarade Anas est hautement politique. Il est hautement politique, au même titre que la précarité dans laquelle le gouvernement Philippe / Macron maintient les étudiant.es est éminemment politique, volontaire, et assumée. Il est hautement politique, car il est le résultat macabre de politiques néo-libérales dévastatrices à l’encontre des étudiant.es les plus précaires, des étudiant.es isolé.es, et/ou issu.es des classes populaires. Il est hautement politique, car il est le résultat de « réformes » infâmes, comme la baisse des APL visant spécifiquement les étudiant.es, comme la sélection à l’entrée de l’université, comme le fonctionnement catastrophique des CROUS et les retards de paiements des bourses qui affament, tous les mois, des milliers d’étudiant.es. Il est hautement politique, parce que, comme le rappelait Clément Viktorovitch à CliqueTv, il est lui-même porteur d’un discours politique, et s’inscrit dans une histoire profondément dramatique.
L’histoire d’Abdallah El Anfani, retrouvé mort de faim - mort de faim ! - en novembre 2015 dans sa chambre CROUS alors qu'il étudiait à Lille 3. L’histoire de Léo, étudiant en Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES), qui s’est suicidé le 27 janvier 2018, après qu’Emmanuel Macron ait annoncé un durcissement des conditions d’accès aux études de santé via sa plateforme Parcoursup. Et la liste de ces histoires dramatiques s'allonge chaque année dans une indifférence généralisée.
OUI, l’acte d’Anas est POLITIQUE, parce qu’il est le reflet des ravages que font les POLITIQUES néolibérales de Macron, de Hollande avant lui, et de Sarkozy avant eux.
Suite à cet acte désespéré, le syndicat Solidaires étudiant-e-s a appelé au rassemblement devant les CROUS de tout le pays pour le 12 Novembre. LaMeute était donc présente au 39, avenue Georges Bernanos, à Paris. Plusieurs centaines d’étudiant.es, parmi lesquels des syndiqué.es, ont répondu à l’appel. Pour l’occasion, le CROUS de Paris était fermé avec des agents de sécurité à l'intérieur observant la foule qui commença à entonner le slogan « CROUS RESPONSABLE, ETAT COUPABLE » ou encore « CROUS, VOLEUR, ASSASSIN » jusqu’à ce que débutent les prises de paroles.
C’est Solidaires-étudiant qui commença avec la lecture d’une lettre des camarades et ami.e.s de Lyon d’Anas: « Nous n’avons pas suffisamment de mot pour crier notre douleur et notre tristesse ».
La lettre reviendra sur la précarité des étudiant.e.s, les violences racistes institutionnelles ; à ce propos « Honte aux médias qui se sont intéressés à sa nationalité et qui se sont permis de douter de ses intentions » accusent-il. Nous n’en pensons pas moins.
Et pour que jamais un drame comme celui du 8 Novembre ne se reproduise, Solidaires étudiant-e-s revendiquèrent, entre autres, « la hausse immédiate des aides sociales destinées aux étudiant.e.s, les bourses, ainsi que l’augmentation du nombre de ses bénéficiaires pour que toutes et tous puissent étudier dans des conditions dignes ; le lancement rapide d’un plan de construction de logements sociaux ; le respect de la trêve hivernale dans les logements CROUS ; la mise en place de la gratuité dans les transports en commun pour les étudiant.es directement au niveau étatique par les subventions des régions ; le salaire étudiant » et enfin l’arrêt de la casse du service publique, qu’Anas exigea lui-même dans sa lettre.
Cette intervention fut aussitôt suivie de celle de l’Union syndicale Solidaires, vite entrecoupée de « GRÈVE, BLOCAGE, MANIF SAUVAGE». Plusieurs syndicats continueront toutefois de prendre la parole par la suite : l’UNEF, SUD EDUCATION, CGT, FO ENSEIGNEMENT ou encore FSU.
Une fois les interventions terminées, la foule réunie entonnera le slogan favori d’Anas: « QUELLE ARME ON A ? LE SYNDICAT, DE LUTTE, DE CLASSE ET AUTO GESTIONNAIRE !! OU EST CE QU’ON VA ? AU COMBAT !! » suivi de slogans antifascistes.
Pour finir, les étudiant.es, les associations ainsi qu'un cheminot prirent la parole : "nous sommes dans une broyeuse sociale" dira un cheminot au micro. "Le 05 décembre il y a une bataille ! Le 05 décembre on relève la tête. En 2018, on a perdu ensemble : vous contre la loi ORE [Orientation et Réussite des Etudiants, prévoyant notamment la sélection à l’entrée des universités, ndlr] et nous, contre le pacte ferroviaire. Mais on va relever la tête et le 05 décembre, Macron, on va lui faire la fête ! » Ovation générale.
Pour finir, la foule partit en manifestation dite sauvage - mais que nous qualifions de « spontanée ».
Éclairé.es à coups de torches rouges sur fond noir, les manifestant.es s’engouffrèrent sur le boulevard Saint Michel. Une voiture de police était déjà présente en barrage. Une autre rappliqua sur le boulevard.
La fin de cette soirée se déroula devant les grilles du ministère de l’éducation où nous n’étions pas et donc par ce fait, ne commenterons pas.
Pour Anas. « Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la sécu »
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