Violences conjugales : Pour nos sœurs confinées
Notre bon ministre de l'Intérieur s'en insurge : les violences à l'encontre des femmes sont en forte hausse depuis la mise en place du confinement. Il manie les chiffres rapportés par les forces de l'ordre depuis le 17 mars : +32% en ''zone gendarmerie'', +36% à Paris, selon une semaine de référence. Des chiffres, qu'il est important de considérer a minima. D'une part, car ils rendent flou la situation des femmes non parisiennes, ou carrément oblitèrent celles n'ayant pas signalé les violences qu'elles subissent aux forces de l'ordre.
N'oublions pas que ce sont ces mêmes forces de l'ordre qui refusent les dépôts de plainte et humilient les femmes qui ont le courage de faire cette démarche. Ce sont ces mêmes forces de l'ordre qui frappaient et insultaient nos sœurs lors des marches pour les droits des femmes du 8 mars dernier. Enfin, ce sont ces mêmes hommes qui -policiers comme gendarmes- exercent des violences sur leurs compagnes à huis clos à leur domicile, comme le rapportent Sophie Boutboul et Alizé Bernard dans leur ouvrage Silence, on cogne.
Si vous en doutiez encore, cette crise sanitaire n'a de cesse de fragiliser davantage celleux que le gouvernement a abandonné à leur sort par son refus d'adopter une politique forte. Pour preuve de leur dangereuse fumisterie, le 3919, numéro d'urgence « Violences Femmes Info » ne fonctionnait déjà plus le 19 mars, soit deux jours après le début du confinement. Pour palier à ces défaillances, un système d'aide aux femmes victimes de violences conjugales, déjà adopté en Espagne, a été mis en place de concert avec les pharmacien·nes via un code : « masque 19 ». Les pharmacien·nes préviennent alors les forces de l'ordre en cas d'énonciation de ce code. Reste à espérer que ces femmes puissent sortir, être écoutées, et prises aux sérieux par ces derniers.
Pour nos sœurs enfermées, sous le joug d'un homme violent, pour celles qui comptent les bleus, pour celles qui subissent des viols conjugaux chaque jour.
Pour nos sœurs qui sont en première ligne pour combattre la pandémie et qui font face à l’infini mépris gouvernemental.
Pour toutes les caissières, soignantes, auxiliaires de vie, pharmaciennes... Nous avons choisi, à LaMeute, de rendre hommage à toutes ces femmes en partageant ce portfolio sur les marches pour les droits des femmes du 8 mars dernier, à Bruxelles (Belgique) et à Buenos Aires (Argentine). Confinées ou non, la lutte continue à travers le monde. La honte doit changer de camp.
PORTFOLIO
Texte par ©LaMeute - Moulinette, images par ©LaMeute – Nameu et ©LaMeute - Moulinette