Montréal : Marche record pour le climat

 

[Par notre reporter à Montréal]

Ce vendredi 27 septembre a eu lieu la plus grande manifestation de l’histoire du Québec : près d’un demi-million de personnes ont marché à Montréal contre l’inaction des politiques face aux enjeux climatiques.

Transports gratuits et cours annulés pour l’occasion (dans 3 des 4 universités de la ville, et deux tiers des cégeps publics de la province*) laissaient présager d’une mobilisation populaire, et même consensuelle. Durant la semaine qui a précédé, dans le bus, les amphis, ou les rayons de supermarché, on pouvait déjà entendre étudiant.es, touristes, fêtard.es, militant.es et parfois même inconnu.es se donner rendez-vous pour “la marche”. La veille, c’était au tour du premier ministre Justin Trudeau, cherchant désespérément à mettre derrière lui son scandale de blackfaces, d’annoncer sa présence à la manifestation - après Greta Thunberg quelque semaines auparavant. Avec 500 000 participants, force est de constater que l’engouement était réel. Mais si la foule était bien au rendez-vous, la présence de presque tout le spectre de la représentation politique - dont le gouvernement au pouvoir - laissait néanmoins planer la sensation d’une unanimité suspecte. Et effectivement, le déroulement peu conflictuel et la fréquentation très hétéroclite de la manifestation ont conforté cette impression d’avoir moins affaire à une “grève” qu’à un jour férié un peu bizarre, entre enthousiasme et anxiété.

La vue d’une telle foule reste toujours réjouissante. Encore plus réjouissant aura été l’accueil très grognon réservé à Justin Trudeau : un infructueux jet d’œuf à son encontre, et une promenade entachée par les cris “No Pipeline !” qui le suivaient , en référence à l’achat et la future extension de l’oléoduc TransMountain** par le gouvernement libéral. Sa toute nouvelle promesse de planter deux milliards d’arbres sur 10 ans n’a pas su faire oublier aux montréalais.es cette incohérence un peu trop voyante pour un soi-disant “écologiste”.


* Au Québec, les cégeps dispensent un enseignement dit “collégial” à la fin du secondaire, qui forme à un emploi technique ou prépare aux études universitaires.

** L’oléoduc Transmountain transporte le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta, très polluant, jusqu’à la côte de la Colombie-Britannique. Le projet d’extension triplera sa capacité.