Gilets Jaunes, Acte 4 - Partie 4/4 : "Écologie libérale, mensonge du Capital"

 

Ce samedi 8 décembre, en parallèle de l’acte IV des gilets jaunes, s’est déroulé la 3eme marche parisienne pour le climat. L’appel lancé par plusieurs ONG à l’international a trouvé écho dans plus de 120 villes françaises et 17 pays. Malgré l’atmosphère pour le moins tendue dans la capitale, les organisateurices n’ont pas souhaité – malgré les demandes du gouvernement – annuler la marche. Pour autant celle-ci a dévié de son trajet initial et a finalement démarré à Nation pour finir à République.
Devant les tensions et les nombreux appels à ne pas manifester pour sa propre sécurité, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont tout de même répondu présentes. Certaines en Gilets jaunes, d’autres en gilets verts, ou encore en combinaison blanche.

Les organisateurices comme Tour Alternatiba, Les Amis de la Terre France ou encore ANV-COP21 affirment vouloir apporter une réponse « tant aux fins de mois qu’à la fin du monde ». Les revendications sont aussi plurielles que les associations organisatrices ; le cortège radical marche notamment « contre les multinationales qui détruisent les vies, contre le système “extractiviste” (l’extractivisme est l’exploitation des ressources de la nature et/ou de la biosphère) et les armées qui le défendent, contre les dirigeant.es qui divisent le peuple et contre celleux qui nous font croire que trier ses déchets est la solution ».

Attac France (Officiel) demande le développement des réseaux de transports en commun, la fin des accords de libre-échange qui ne sont pas « climato-compatibles » ou encore le retour de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune, supprimé par le gouvernement il y a un an) et la création de taxe sur les transactions financières afin de financer les réformes écologiques. Pour Solidaires, l’urgence est au logement social, ainsi qu’à la justice fiscale, il est demandé l’abandon des mesures sur les CICE (Crédit d'impôt sur la compétitivité et l'emploi, sera supprimé le 1er janvier 2019) et le retrait de la hausse de la CSG (Contribution Sociale Généralisée, augmentée par le gouvernement Macron en janvier 2018) sur les retraites. La Ligue des Droits de l’homme demande elle « la mise en place d’une société décarbonée (c'est-à-dire où les énergies seraient renouvelables, et donc avec un impact carbone minimal) » .

Les revendications sont donc toutes autant tournées vers les mesures visant directement le climat que vers des mesures sociales.
Quelques dizaines de mètres après Nation, la direction politique est vite confirmée par les slogans « Ecologie libérale, mensonge du capital », « Les manifs c’est sympa, mais ça suffira pas, une seule solution, désobéissons », « Gilets jaunes, gilets verts, on est tous en colère », ou encore « Et 1, et 2 et 3 degrés, c’est un crime, contre l’humanité ». Ce dernier slogan fait référence à la COP24, Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, se tenant jusqu’au 14 décembre en Pologne.

En effet lors de la COP21, en décembre 2015 à Paris, il avait été voté que l’augmentation de la température moyenne devait rester en dessous de 2 degrés. Les participant.es désabusé.es ont, par ce slogan, fait entendre la réalité, 3 degrés ont été ajouté à la température moyenne pendant ces 3 ans. Iels attendent donc de la COP24 une réaction et des réformes valables, notamment sur les multinationales, afin d’endiguer ce phénomène.

Pour autant, les manifestant.es ont participé – de leur propre initiative – à une action de ramassage des déchets le long de la voirie. Un des participant témoigne « J’ai vu quelqu’un le faire tout seul, je lui ai demandé un sac, un autre m’a donné une combinaison blanche» . De même, sur une initiative des manifestant.es, une partie du cortège se met à genoux, en hommage aux 151 lycéen.nes interpellé.es à Mantes la Jolie et forcé.es de rester dans cette position plusieurs heures.

La manifestation s'est passée sans heurts, on retiendra d'une part un cortège radical qui prône la désobéissance civile, et produit une fort critique d'un "capitalisme vert" et d'autre part des appels de certaines organisations à l'union et à l'entente dans les sphères dirigeantes afin de trouver des solutions viables face à l'urgence climatique. On se rappellera aussi de la chanson qu’Alternatiba a lancé depuis son char où se trouvait un rappeur et une violoniste « On est invincibles ».

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