Mineurs étrangers isolés / Des enfants en danger de mort
UN ENFANT A DES DROITS. « Le droit d’avoir un refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes », c'est ce que stipule la Convention Internationale des Droits de l'Enfant.
Les droits des enfants, c’est ce qui a poussé des militant.e.s et des jeunes exilé.e.s à un rassemblement à Didot, à proximité du siège administratif de la croix rouge, le 23 Novembre 2018. Plusieurs associations sont présentes : Accueil de Merde (qui avait déjà organisé une action contre la loi Collomb), Paris d'Exil, TIMMY - Team Mineurs Exilés et Les Midis du Mie.
Ensemble ces associations d'aide aux refugié.e.s protestent contre les pratiques discriminantes de la croix rouge. Celle-ci est en charge, sur Paris, d’évaluer les mineurs via un dispositif appelé DEMIE (Dispositif d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers).
Dans les faits, ce dispositif est censé être composé d’un jury qui évalue un.e exilé.e pour trancher sur son age et son statut, mineur.e ou majeur.e. Ce type d’entretien est très pénible, l’exilé.e doit raconter son parcours. Des parcours très durs qui relève de la survie quasi quotidiennement. Cette audition dure normalement 1 heure. Suite à ça, si l’exilé.e est défini.e comme mineur.e, iel bénéficie d’une mise à l'abri d’urgence, si ce n’est pas le cas, iel est renvoyé.e dans la rue, et peut déposer un recours (6 à 8 mois d’attente, sans hébergement, nourriture et scolarisation) devant un juge.
Les associations pointent du doigt un dysfonctionnement de ce système d’évaluation qui contribue à détruire ces jeunes en transformant leur exil déjà difficile en un enfer administratif.
C’est toutes ces raisons qui ont un poussé un enfant de 15 ans, Burkinabé, à tenter de se suicider en enjambant la barrière de la coursive pour sauter du 4ème étage du Tribunal de Grande Instance de Paris. Les autorités lui ont refusé sont statut d’enfant.
«J’ai passé des moments difficiles dans la rue, très difficiles, j’ai vécu des moments que je ne pensais pas pouvoir affronter...”
Durant le rassemblement, Accueil de merde cite les chiffres de la mairie de paris concernant ce dispositif de la croix rouge, « 70% des demandes des jeunes pour une protection sont rejetées », « 200 jeunes à la rue actuellement, 1300 sans hébergement en deux ans… ». 40 % des jeunes qui déposent un recours, sont reconnus mineurs par un juge selon Paris D’exil sur l’ensemble des jeunes qu’iels hébergent, « À Paris, ils ne sont pas vraiment cléments
les juges, il est mieux d’aller en province » dit une militante. Pendant le rassemblement,
des enfants témoigneront aussi de ce qu’iels ont vécu, ce qu’iels pensent;
«J’ai passé des moments difficiles dans la rue, très difficiles, j’ai vécu des moments que je ne pensais pas pouvoir affronter, après dans mon entourage, avec les associations, j’ai tenu le coup. Je me suis senti mal, humilié, laissé, abandonné. Au départ tu ne sais pas, quand je suis venu, je n’avais aucun moyen de retour, même si je voulais je savais pas comment faire. C’est difficile, il faut prendre courage, mais les personnes qui ne sont pas venues, je ne leur conseille pas de venir c’est la galère, une fois que t’es là t’as plus le choix, tu peux plus te retourner tu tiens le coup et ça passe. Dehors ce n’est pas facile, tu sais…».
Certain.e.s évoquent le suicide. Se jeter sous un train pour quitter cet enfer.
Dans la rue les jeunes sont exposé.e.s comme les autres réfugié.e.s aux rafles, aux brimades des forces de l'ordre, au froid. S'ajoute pour elleux l'impossibilité d'une scolarisation, et une plus grande vulnérabilité psychique et sanitaire qui fait des ravages.
Les associations d'aide aux réfugié.e.s mineur.e.s luttent contre l'administration, proposent des cours et des activités pour les jeunes. Le contact peut cependant être difficile à garder car la vie dans la rue impose des déplacements et à sont lot d'épreuves.
Qui plus est, ces jeunes, qui n'ont plus rien d'enfants tant leurs parcours, parfois meurtrier, souvent violent, a broyé l'insouciance de l'enfance, se trouvent face aux risques d'enfermement en centre de rétention administratif contre lesquels luttent leurs aîné.e s.
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