Le combat des grévistes de l'Ibis Batignolles n'en finit pas

Les grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles dansent pour montrer à Accor qu’elles sont infatigables. ©LaMeute - Mes

Les grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles dansent pour montrer à Accor qu’elles sont infatigables. ©LaMeute - Mes

Alors qu'elles entament leur 21ème mois de grève, les femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles ont poursuivi le groupe Accor aux Conseil des Prud'hommes lors d'une audience liminaire, ce mercredi 7 avril. Hélas, toujours pas d'accord en vue entre les deux parties. La suite du combat entre David et Goliath est fixée au 13 décembre prochain.

"L'enjeu de l'audience de conciliation du jour est l'internalisation des femmes grévistes", rappelle Slim Ben Achour, avocat des vingt grévistes -gouvernantes ou femmes de chambre- qui réclament leur embauche au sein du groupe Accor. Actuellement salariées en sous-traitance chez STN, Rachel, Sylvie et tant d'autres, plaidaient au Conseil des Prud'hommes de Paris pour la reconnaissance de leur qualification, une place pérenne au sein d'Ibis -pour bénéficier de la convention collective du secteur hôtelier, ainsi qu'une baisse des cadences de travail. 

Malheureusement, à l'issue de l'audience, le couperet tombe : le groupe Accor refuse d'embaucher ces femmes à l'hôtel Ibis Batignolles. Il faudra encore attendre, le 13 décembre prochain -un délais qui en étonne plus d’un-es, pour que le Conseil des Prud'hommes statue. Ce n'est qu'en fin d'année qu'il décidera de condamner le groupe ou de débouter les grévistes. Pour la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économique), Accor s'en tient à "une politique de pourrissement des mouvements sociaux".

Les femmes pénétrant dans l’enceinte du Conseil des Prud’hommes de Paris. ©LaMeute - Mes

Les femmes pénétrant dans l’enceinte du Conseil des Prud’hommes de Paris. ©LaMeute - Mes

Une course de fond

Lors d'un rassemblement de soutien, en amont de l'audience, il a été question de l'endurance de ces femmes -en grève depuis le 17 juillet 2019, bien sûr. De leur détermination et de leur force, évidemment. Surtout que "Accor ne cède rien en espérant que la lutte s'essouffle. On se rappelle de la grève des femmes de chambre de l'hôtel Arcade en 2002-2003. Une grève de 13 mois...", évoque Tiziri Kandi, syndicaliste à la CGT. 

"Ce sont des héroïnes et un modèle en terme de lutte", abonde Constance*, une militante féministe. "Leur combat est à la fois antiraciste et antisexiste : les deux sont liés". 

Depuis qu'elle est "sortie du silence", Rachel Kéké -comme ses collègues- n'a eu de cesse de dénoncer des conditions de travail dégradantes. Rémunérée à la chambre, pour elle, "la sous-traitance, c'est la maltraitance". Mais pas que. Ces femmes remettent en cause un système qui favorisent "le harcèlement moral et sexuel”. 

Tout aussi essentiel qu'ingrat, le métier de femmes de chambre "n'est pas un boulot facile", rappelle à bonne escient Rachel Kébé. "Nous faisons gagner beaucoup de sous à Accor. Aux Batignolles (dans le 17ème arrondissement de Paris, près de l’Arc de triomphe, NDLR), il y a 706 chambres. Je peux vous assurer qu'elles sont toutes réservées en été", s'exclame-t-elle.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes en soutien, aux abords du Conseil des Prud’hommes. ©LaMeute - Mes

Une cinquantaine de personnes étaient présentes en soutien, aux abords du Conseil des Prud’hommes. ©LaMeute - Mes

Déjà déboutée d'une précédente action devant le conseil des prud'hommes, l'action de ces femmes se poursuivra le temps qu'il faudra. Même si l'indignation prédomine.

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“Il est temps que l'on nous trouve des solutions (...); il est temps que le tribunal prenne les choses au sérieux (...); il est temps que la justice nous écoute (...).

21 mois de lutte, c’est 21 mois de trop”.

Rachel Kéké

*Le prénom a été modifié.

©LaMeute - Mes

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La réalisation de ce reportage a nécessité 1 personne et environ 8h de travail.

- Photos, Texte et Mise en page: Mes

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