Bruxelles marche contre les violences faites aux femmes : « Solidarité avec les femmes du monde entier ! »
Ce vendredi 24 novembre, environ 10.000 personnes ont battu le pavé bruxellois pour crier leur colère contre les violences faites aux femmes. Organisée par la plateforme Mirabal, la manifestation intervient à la veille de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Les organisations regroupées demandent la concrétisation de la Convention d’Istanbul, un texte du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et contre la violence domestique. Bien qu'il soit approuvé en Belgique, il n'a que très peu d'impact dans les faits. Entre regroupements festifs et moments de recueillements plus solennels, la manifestation a permis à toutes et tous d'élever la voix pour se faire entendre, au delà-même des frontières belges. Récit en images
Des femmes et des hommes de tous âges et de tous horizons se sont réunies.s à la gare centrale de Bruxelles pour exprimer leur colère face aux violences faites aux femmes. Du sexisme ordinaire au féminicide, les revendications couvrent toutes les menaces qui pèsent sur la vie des femmes.
Depuis le début de l'année 2019, 22 femmes ont été tuées en Belgique. On en compte 98 depuis 2017. Proportionnellement à la population, le taux de féminicide en Belgique est plus élevé que dans d'autres pays européens.
Les prénoms des victimes sont omniprésents dans les cortèges. Les manifestantes.s rebaptisent les rues en leur mémoire, une cérémonie d'hommages leur est rendu. Dans la foule, les émotions sont fortes, certaines femmes pleurent, d'autres expriment leur colère au mégaphone.
Les nombreux cortèges rassemblent toutes sortes d'organisations : Collectif de travailleur.ses sans papiers, militant.es.s antiracistes et antisexistes, femmes latinoaméricaines, groupe de soutien aux femmes kurdes, ligue des travailleuses domestiques... Chacun.e.s s'encourage et s'applaudit, l'ambiance est au respect et à la bienveillance.
Une femme tient une pancarte portant l'inscription : « Je suis la femme de ma vie ». En Belgique, plus d’un quart des femmes connaissent la terreur quotidienne imposée par leur (ex)compagnon.
Des femmes affichent leur soutien aux chiliennes victimes de mutilations, de viols et de torture pour prendre part aux protestations qui embrasent le Chili. De plus en plus de témoignages font vent de cette répression criminelle et alertent les organisations des droits humains.
Une banderole est peinte à l'effigie de l'artiste mime chilienne Deniela Carrasco. La jeune femme a récemment été retrouvée pendue après avoir été violée et torturée par les autorités chiliennes. Plus récemment, la photo-reporter Albertina Mariana Martinez Burgos a été retrouvée morte à son domicile, s'ajoutant à la funeste liste des femmes assassinées par le régime chilien.
Une femme signe la banderole du collectif réclamant la grâce royale pour la libération de Mireille de Lauw. Cette femme de 50 ans, a été condamnée à 8 ans de prison en 2017 pour avoir tué son mari qui la battait depuis 25 ans. Son cas n'est pas sans rappeler celui de Jacqueline Sauvage, souvent citée par les militantes.s du collectif.
Un parterre de chaussures peintes en rouge tapisse la place Poelaert, dans le centre de Bruxelles. Chaque paire symbolise une victime de féminicide.
Des femmes veulent alerter sur les violences dont sont victimes les femmes racisées. Dans le cortège non blanc et non mixte, on dénonce le racisme colonial dont est empreinte la société belge.
Des poupées de chiffon sont hissées sur des bâtons et portées par des enfants pendant la marche. Elles sont à l'image des femmes du monde entier ; voilées ou non, racisées ou blanches. Certaines ont des cicatrices et des larmes sur leurs joues. Elles sont accompagnées du slogan : "Je ne suis qu’une poupée, arrête de me frapper".
De retour à la gare centrale, une femme dont l’œil est grimé fait chanter une petite fille au mégaphone. La fanfare accompagne les derniers arrivants pendant qu'une artiste slam sur la scène installée sur la place de l'Europe.